BRASILIA

Brasilia est l'une des capitales du monde dont la construction est la plus récente. Ses premières infrastructures et bâtiments furent construits en seulement 1 000 jours avant son inauguration le 21 avril 1960, sous l'impulsion du Président Juscelino Kubitschek. Le but du projet était d'attirer vers l'intérieur des terres la population et l'activité économique, alors essentiellement concentrée dans les grandes villes côtières, afin de mieux répartir les richesses. Brasilia fut aussi bâtie pour apaiser l'affrontement existant entre les deux autres « capitales » du pays, Rio de Janeiro et São Paulo.

Avec la mort de Niemeyer, le trio de pionniers qui a imaginé Brasília a cessé d'exister : Burle Marx est mort en 1994 et Lucio Costa en 1998. Aujourd'hui, Brasília est orpheline. Véritable chef-d'œuvre d'architecture moderne, Brasilia a été déclarée Patrimoine mondial de l'humanité en 1987 par l'UNESCO.


L'urbaniste Lúcio Costa a imaginé le plan pilote qui donne à la ville une forme d'avion, inscrit dans un lac artificiel: le lac Paranoá. Les quartiers résidentiels sont fonctionnels et s'auto-suffisent : centres commerciaux, écoles et parcs sont à proximité.


PLAN DE BRASILIA


VUE AERIENNE

L'Eixo monumental, orienté est-ouest, coupe la ville en deux parties symétriques. Il est considéré par les Brésiliens comme la plus large avenue du monde, avec 250 m séparant ses deux fois six voies au point le plus large. Vu du ciel, il représente la flèche, le fuselage de l'avion. À sa pointe est se situe la place des trois pouvoirs ainsi que l'esplanade des ministères.
L'Eixāo, courbe, traverse la ville du nord au sud. Vue du ciel, elle représente les ailes de l'avion. L'aile sud et l'aile nord, organisées en superquadras le long de l'axe, regroupent environ 300 000 habitants. Il est constitué d'une piste principale de deux fois trois voies, accessibles à partir des axes secondaires (eixinhos en portugais, littéralement petits axes). Les axes secondaires se trouvent de part et d'autre de l'Eixao, chacun étant constitué de deux fois deux voies. L'Eixāo permet de traverser l'Eixo monumental sous un tunnel. L'Eixão est exclusivement réservé à la circulation des véhicules, des passages souterrains sont aménagés pour la traversée des piétons. Deux autres axes traversent de nord à sud le Plano Piloto, respectivement à l'ouest et à l'est de l'Eixão : W3 et L2. Ces axes sont bordés de commerces et de résidences.

Au croisement des deux axes se trouve la rodoviária, qui accueille la station Central du métro et qui est aussi celle du réseau autobus

Même s'il a rompu avec la contrainte de l'angle droit pour lancer des formes courbes, le plan de Brasília détermine de manière rigide, presque stalinienne, des zones fonctionnelles séparant travail et habitation. Les aires résidentielles sont composées d'ensembles longitudinaux de trois ou six bâtiments, séparés perpendiculairement par des voies où fonctionnent des commerces, des écoles et des ères de loisirs. Rigoureusement planifiée pour héberger 600 000 habitants en l'an 2000, Brasília en compte aujourd'hui cinq fois plus.

Et le rêve a parfois tourné au cauchemar, car elle symbolise aussi les problèmes sociaux du Brésil et sa discrimination criante. Tandis que Brasília abrite essentiellement une population de fonctionnaires, les classes populaires qui l'ont construite et y travaillent s'entassent dans des villes satellites, loin de la capitale. "Les profondes disparités sociales de la nouvelle capitale m'attristent énormément", avait confié Niemeyer à l'AFP en 2010, à l'occasion des célébrations des 50 ans de la ville.

Ses détracteurs critiquent le "tout-voiture" - une obligation dans cette ville sans trottoirs où personne ne marche - et ses embouteillages, le cloisonnement des activités (le quartier des bureaux, des hôtels, des loisirs, des commerces...), ses immenses espaces vides et ses mornes fins de semaine.

Néanmoins, nombre d'habitants apprécient aussi sa tranquillité et sa sécurité. Souvent, les jeunes qui y sont nés n'imaginent pas vivre ailleurs.



L'architecte Oscar Niemeyer a construit les bâtiments principaux de la ville: la cathédrale (4 000 places), le Congrès national (Chambre des députés et Sénat), le Ministère des Affaires étrangères, le Tribunal suprême et le Palais de la présidence.


CATHEDRALE DE BRASILIA, NOTRE DAME DE L'APPARITION






CONGRES NATIONAL DU BRESIL
Le bâtiment se compose d'un édifice double — la partie coiffée d'une coupole convexe abritant le Sénat (à gauche sur cette photographie), la partie coiffée d'une coupole concave accueillant la Chambre des députés (à droite) — auquel sont reliés deux gratte-ciel jumeaux abritant les services administratifs du Congrès.








PALAIS D'ITAMARATY (MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES) semblant flotter sur un étang.







TRIBUNAL SUPREME



PALAIS DE LA PRESIDENCE, et ses arcades en marbre donnant l'impression d'être à peine posé sur le sol








Toutes ces constructions, qui paraissent défier la gravité, sont caractéristiques du trait de Niemeyer.


Le paysagiste Roberto Burle Marx
« Un jardin est le résultat d’un arrangement de matériaux naturels selon des lois esthétiques, entremêlées au regard que porte l’artiste sur la vie », dit Burle Marx. La vie, il s’attachera à la faire surgir ex nihilo en participant, lui aussi, à l’aventure de Brasilia. On peut le suivre à la trace sur le plan-pilote de Lúcio Costa. Sur l’Eixo monumental, axe central qui porte bien son nom, ainsi que sur des bâtiments publics au premier rang desquels figure le palais d’Itamaraty, en symbiose avec l’eau. Mais il faut apprécier son intervention au cœur des « super-quadras », ces ensembles de logements taillés au cordeau, où la fluidité des espaces publics n’est pas laissée à l’approximation. Tout y est conçu pour mettre en relation, c’est l’art de la transition par excellence. Burle Marx partage avec Niemeyer cette inclination pour « la ligne courbe et sensuelle », selon l’expression de l’architecte, dénonçant par là-même la dictature de la ligne droite. Et, face à celui qui revendique la « liberté plastique du béton », l’artiste du paysage a toujours prôné la liberté d’expression pour trouver l’alchimie entre culture et nature. Autant d’opportunités pour travailler sur le vivant, sur l’instable. 

Selon Vaccarino, l'œuvre de Marx peut se résumer en quatre concepts : « l'utilisation de la végétation tropicale endémique comme un élément structurel de la conception générale, la rupture des motifs symétriques dans la conception des espaces ouverts, le traitement coloré des chaussées, et l'utilisation de formes libres dans caractéristiques de l'eau ».



JARDIN DU PALAIS D'ITAMARATY (MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES)



















CIVIC SQUARE









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